France Culture : Carbone 14, Vincent Charpentier, le 10 septembre 2017, Grégory Pereira

« Que les têtes… tombent »

Zompantli : râtelier de crânes- Crédits Wikipédia

Une tour aztèque, édifiée en crânes humains, vient d’être exhumée sous le Templo Mayor de Mexico, l’antique Tenochtitlan. Elle s’ajoute au Tzompantli, le fameux râtelier de crânes décrit par les conquistadors et exhumé voici peu. Tous deux témoignent de la place du sacrifice dans cette société. Les Aztèques auraient-ils été plus violents que les autres ? probablement pas ! Juste plus puissants.

Le sacrifice humain ne peut être compris sans les grands principes qui structurent un univers conçu comme la succession cyclique d’éléments antagoniques, mais fondamentalement complémentaires et interdépendants : la mort et la vie, la nuit et le jour, le féminin et le masculin forment des binômes indissociables, en perpétuel renouvellement. « Ainsi, si la mort met un terme à la vie, elle est aussi la condition sine qua non de sa renaissance. Dans cette perspective, le but premier du sacrifice n’est pas l’anéantissement, mais l’offrande de forces vitales nécessaires à la régénération du monde » (G. Pereira).

le sacrifice mésoaméricain n’a jamais été compris des européens. Hormis « Apocalypto » de Mel Gibson, Cortés écrivait dans sa correspondance à l’empereur Charles Quint : « Ils ont une autre coutume horrible, abominable, bien digne de châtiment et que nous n’avons observée nulle part: c’est que chaque fois qu’ils ont quelque chose à demander à leurs idoles, afin qu’elles soient propices à leurs prières, ils prennent des jeunes garçons et des jeunes filles, des hommes et des femmes aussi, dont ils ouvrent la poitrine, dont ils arrachent le cœur et les entrailles qu’ils brûlent devant leurs dieux, leur offrant la fumée en sacrifice. »